mardi 8 octobre 2013

Palestine : le symbole imprononçable - par Henri-Michel MOYAL, Ph.D.



Le 15 août 2011, Bobby Ghosh, rédacteur international adjoint du TIME et ancien chef de son bureau de Bagdad, publia un «adieu amical» à l’occasion de la récente disparition de Shammi Kapoor (décédé le 14 août 2011). Son article intitulé «Comment une star défunte de l’industrie cinématographique en Inde sauva la vie de ce correspondant» racontait comment, pendant l’été de 2003, alors qu’il effectuait un reportage dans un petit village à l’ouest de Bagdad où s’étaient retranchés des partisans de Saddam opposés aux troupes américaines, sa vie fut épargnée par son geôlier. Ghosh s’évertuait à contredire le «colonel» qui prétendait lui faire avouer sa nationalité américaine à l’aide d’une arme pointée sur sa tête. En butte aux vociférations incessantes du «colonel», Ghosh finit par éclater et «plutôt par panique que de façon raisonnée» s’écria : «Je suis Indien… comme Shammi «Kaboor». Et c’est ainsi que sa vie fut sauvée. Comme il montait dans la voiture qui devait l’emmener vers la sécurité «Vous avez de la chance d’être Indien» lui dit le «colonel». «Autrement, vous seriez mort maintenant. Vous pouvez remercier Dieu.»
Ghosh expliquait dans cet article qu’il avait appris lors de son séjour en Iraq que la meilleure façon de briser la glace avec ses interlocuteurs était de leur demander s’ils connaissaient Shammi «Kaboor» – c’est ainsi qu’ils prononçaient son nom…

La langue arabe est riche de 28 consonnes phonémiques, bien qu’elle soit dépourvue de l’unité sonore /p/, ce qui en fait une langue sans ‘p’. Les claviers de langue arabe n’ont pas de lettre ‘p’. Elle ne figure que dans les mots empruntés à d’autres langues et dans certains noms propres, bien que sa prononciation diffère d’un bout à l’autre du monde arabe et dépende du niveau d’éducation et/ou du statut socio-économique de l’orateur. La prononciation se rapproche plus ou moins du son /p/ tel que rendu en Occident en évoquant plutôt le son /b/ ou /f/ ou toute autre valeur phonétique dans cette gamme de sons.

Au cours de l’année académique 2010-2011, Zineb Siradj présenta au Département des langues étrangères de la Faculté de Lettres et de Langues de la République démocratique d’Algérie, sous les auspices du Ministère de l’Education supérieure et de la Recherche scientifique, une dissertation en vue de l’obtention de sa licence en Anglais. Ce document de 72 pages s’intitule : De la difficulté pour les Arabes apprenant l’Anglais de prononcer le phonème /p/ (le cas des étudiants en Anglais originaires d’ElOued et d’ElHdjira) (The Difficulty of Pronouncing the /p/ Phineme for Arab learners of English – The case of Students of English originating from ElOued and El-Hdjira).

Le but de la recherche effectuée par Zineb Siradj est décrit en première page : «Notre étude vise à souligner la difficulté de prononciation du son /p/ dont souffrent les étudiants d’Anglais originaires d’ElOued et d’ElHdjira. Notre objectif est d’examiner la raison pour laquelle ces étudiants remplacent le son /p/ par le son /b/.

Plus bas sur la même page, l’auteur expose sa théorie : «On hypothèse [sic] que les étudiants étrangers originaires d’ElOued et d’ElHdjira éprouvent des difficultés à prononcer le son /p/ en raison du blocage produit par leur langue maternelle dont est exclue cette unité sonore. Ils remplacent le son /p/ par le son /b/ plus familier en langue arabe classique à laquelle s’apparente leur langue maternelle.

Depuis l’Irak, autrefois le centre de l’ancienne Mésopotamie considérée par l’Occident comme le berceau de la civilisation, jusqu’en Algérie, le pénultième pays à la limite de l’Ancien Monde avant que Christophe Colomb ait mis à la voile en direction du Nouveau Monde et le plus vaste du continent africain, les Arabes parlent une langue dérivée de l’Arabe classique qui s’est développée diversement suivant les pays. Toutefois, à quelque variante qu’elle ait abouti et où qu’elle soit parlée, une constante demeure : le son /p/ n’existe pas dans la langue arabe.

On rattache généralement le mot Palestine au Grec «Palaistine» utilisé tout au long de l’Histoire pour désigner la bande côtière allant du sud de la Phénicie à l’Egypte ou la terre située entre la Méditerranée et le fleuve Jourdain ainsi que certains autres territoires avoisinants. Son origine remonte au mot hébreu «Pelesteth» signifiant «Terre des envahisseurs». Cette appellation fut reprise sous  le vocable «Territoire palestinien» en 1920 par le Conseil suprême des Alliés à la Conférence de San Remo afin de donner un nom officiel au territoire politiquement établi pour le Mandat britannique, et en 1922 dans le Traité de Sèvres. Bruce Feiler, auteur du livre Sur les traces de la Bible (Walking the Bible, 2002), décrit à la page 42 cette entité géographique vaguement définie comme suit :

«L’Histoire, dans sa plus grande partie, a considéré cette bande étroite de terrain entre le Jourdain et la Méditerranée comme une curiosité, une ouverture vers le reste du monde, un lieu de passage – mais non d’implantation. Les Egyptiens l’appelaient «Kharu», les Grecs et les Romains «Palestine». Les Syriens l’appelaient «Canaan».

En page 105 de son livre La Bible et l’Epée : comment les Britanniques arrivèrent en Palestine (Bible and Sword : How the British came to Palestine) publié initialement en 1956, Barbara Tuchman trace un portrait extrêmement sombre de cette région désolée du monde au début du 20ème siècle : vignes en terrasses effondrées, collines érodées, citernes et aqueducs envasés. La terre qui nourrissait les jardins et les palais de Salomon et tout ce monde laborieux et grouillant des temps bibliques n’était plus qu’un désert dans l’Empire ottoman.

Les choses devaient changer dramatiquement après la désintégration de l’Empire ottoman à la fin de la Première Guerre mondiale. En un synchronisme inquiétant et funeste, des idéologies rivales originaires d’Europe, aiguillonnées entre autres par l’Affaire Dreyfus en France, l’apparition du sionisme, les pogromes de Russie et de Pologne et l’antisémitisme qui imprégnait l’Europe s’opposèrent aux mouvements arabes anticolonialistes et au nationalisme panarabe assorti d’antisémitisme arabe et du penchant de certains leaders arabes pour la «solution finale» chère à Hitler. Tous ces éléments constituèrent un terrain propice au déclenchement d’une guerre d’idéologies à propos de ce territoire désertique abandonné. Tout à coup, à la faveur de cette convergence d’aspirations opposées, cette terre dont personne ne voulait devint la terre que tout le monde réclamait pour sienne.

Je laisse aux étudiants de l’Histoire et/ou de la Bible ainsi qu’aux myriades d’analyses historico-politiques le soin de fournir les bases nécessaires à la compréhension du ré-établissement du territoire palestinien en tant que pays. Qu’il suffise de dire que les mêmes divisions et les mêmes revendications concernant cette terre, brassées dans le chaudron d’idéologies opposées, subsistent encore en 2013.

Qui donc étaient les habitants de la Palestine au début du vingtième siècle ? Et s’il s’agissait d’un «lieu de passage, mais non d’implantation» quels sont ceux venus en Palestine pour s’y installer et pourquoi ? Comment fut-elle peuplée et d’où venaient les nouveaux immigrants ? En d’autres termes, existe-t-il des courants migratoires identifiables d’un pays ou d’un continent vers la Palestine à la fin du dix-neuvième et au début du vingtième siècles ?

Ici encore, je laisserai au lecteur le soin de consulter la vaste documentation répondant à ces questions d’un point de vue théologique, historique, politique ou sociologique. Le débat actuel concernant le droit d’Israël à l’existence n’a que faire de ces documents, quelle que soit la source – biblique ou historique – sur laquelle ils s’appuient. Tout est soumis au révisionnisme propre à satisfaire une théorie bien précise, et seule la «détresse» du peuple palestinien et les sévices que «l’occupant/colonisateur» israélien est censé lui infliger intéressent les israëlophobes d’aujourd’hui. La diabolisation de cette petite nation est à la mode et de rigueur pour tout penseur libéral qui se respecte. J’abandonnerai donc les israëlophobes à leur indéfendable et frénétique haine.

Je me garderai également de citer d’autres injustices qui ne provoquent pas la moindre réaction de la part des défendeurs des droits de l’homme du moment que ces atrocités sont perpétrées ailleurs qu’en Israël.

Je n’ajouterai pas non plus ma voix à celles, nombreuses, qui soulignent la partialité et la disparité de traitement dont font preuve les médias vis-à-vis d’Israël.

Enfin, je ne m’élèverai pas contre l’affirmation mensongère qui prétend que l’Etat d’Israël pratique l’apartheid.

Les lignes ont été  tracées depuis longtemps, et la balance penche en faveur du camp des adversaires de l’existence d’Israël parce-qu’ils sont bruyants, parce-qu’ils utilisent à des fins de propagande les mots d’ordre qu’ils ont inventés, parce-qu’ils mettent en avant la détresse des enfants, ces mêmes enfants qu’on élève à haïr les «fils de porcs» et qui n’ont d’autre ambition que de s’enrôler dans la guerre sainte contre les Juifs et l’Occident. (Voir l’article du blog WJC du 13 juin 2013 avec photos de l’AP montrant comment les colonies de vacances de Gaza forment les enfants au terrorisme.)

Denis MacEon termina ainsi l’article qu’il publia à titre d’hôte dans le Jerusalem Post du 22 janvier 2009 : «Personnellement, j’en ai par-dessus la tête de tout cela, des double-standards larmoyants, les mensonges éhontés, de la manière dont leurs leaders ont forcé les Palestiniens à croupir pendant 60 ans parce-que les mots paix et compromis ne font pas partie de leur vocabulaire et qu’ils n’accepteront qu’une victoire totale. Aussi douloureuse qu’ait été cette décision, l’Irlande créa sa propre république dans les années 20 en acceptant un compromis concernant la région du nord du pays. L’Irlande devint un pays prospère et jouit par la suite d’une des économies les plus percutantes au monde. Lorsque les Israéliens quittèrent Gaza en 2005, ils y laissèrent des serres ultra-perfectionnées propres à générer une économie florissante. Le Hamas en détruisit jusqu’au dernier panneau vitré. Pourquoi ? Parce que des Juifs avaient créé ces serres.»

Mais qui a prêté l’oreille à la déclaration de Denis MacEon ? Ceci se passait en 2009. Depuis lors, un antisémitisme frénétique qui déclare ouvertement sa soif de sang juif n’a fait que s’amplifier en Europe. Et rien n’arrêtera ces voyous assoiffés de sang. «Mort aux Juifs», c’est le slogan favori des «jeunes» Français «défavorisés». Malheureusement, il est repris dans leurs langues nationales en nombre de pays tels que la Hollande, la Norvège, la Suède, l’Allemagne, la Grèce, l’Espagne et bien d’autres encore.

Mon propos, au cas où il aurait encore besoin d’être clarifié, est d’avancer à pas comptés et sur la pointe des pieds à travers le terrain miné que constitue le conflit israélo-palestinien, en ne faisant appel qu’à des témoignages irréfutables et indiscutables dénués de toute influence politique ou idéologique. Je ne prends pas un grand risque en considérant que l’angliciste algérienne en herbe qui cherche à élucider la raison pour laquelle les Arabes n’arrivent pas à émettre le son /p/, pas plus que l’érudit chevronné (voir ci-dessous) soumettant le résultat de ses recherches à l’examen de ses pairs ne se soucient d’encombrer leurs travaux de descriptifs politiquement ou idéologiquement tendancieux. A mon avis, leur honnêteté et le soin qu’ils apportent à leurs travaux ne sont pas déterminés par une quelconque tendance politique, mais par les critères de la recherche indépendante et originale et les exigences académiques.

Fred H. Gottheil, membre du corps enseignant à l’Institut commercial et d’Administration des Entreprises de l’Université d’Illinois à Urbana-Champaign, produisit un document de travail publié par la faculté le 17 août 1971 sous le titre : L’émigration arabe en Israël pré-étatique : de 1922 à 1931 (Arabe immigration into pre-State Israel, 1922-1931). A la page 1213, le Professeur Gottheil note :

«Il est reconnu que toute migration est liée aux investissements internationaux et aux disparités entre les taux de croissance économique dans différentes régions. Bien que les statistiques relatives à la croissance économique au Moyen Orient soient loin d’abonder pour la période 1922-1931, l’ensemble des rapports économiques établis à l’époque révèlent que 54.790 Arabes émigrèrent en Israël pré-étatique, tandis que 4.677 émigrèrent en Palestine non-israélienne – ce qui n’est pas pour surprendre.»

Sur la base des seuls chiffres des recensements effectués en Palestine au cours des années 1922-1931, le Professeur Gottheil a pu identifier les mouvements migratoires d’Arabes arrivant en Israël pré-étatique à la recherche de travail afin d’améliorer leur statut économique. (Je ferai ici un parallèle entre ces immigrants en Israël pré-étatique et le flot de jeunes gens qui s’écoule constamment de Gaza en Israël dans l’espoir d’accéder à un niveau de vie supérieur, même au risque d’être incarcérés, comme l’a mentionné le blog gazaoui Al-Monitor le 4 juin 2013).

Comparons ces chiffres, et bien d’autres inclus dans le document du Professeur Gottheil, avec ceux relatifs aux économies stagnantes des pays voisins : les conditions économiques en Syrie, en Irak, au Liban et en Transjordanie semblent avoir accusé des différences considérables par rapport à celles qui prévalaient en Israël pré-étatique. En Syrie, par exemple, la création d’industries nouvelles et la conversion de la production manuelle en production mécanisée n’avait pas suffi à absorber le surplus de main d’œuvre créé par le déclin général de la production industrielle et manuelle. Dans le secteur agricole, le progrès semble avoir été tout aussi médiocre (page 14). Et à la page suivante, nous trouvons des résultats similaires pour l’Irak et la Transjordanie, cette dernière décrite comme «un parasite ne subsistant que grâce aux subsides fournis par la Grande-Bretagne et l’administration civile de Palestine.»… L’industrie en Egypte semble n’avoir pas eu plus de succès (page 15).

Au moment où débarquaient en Israël pré-étatique quantité de Juifs déterminés à bâtir leur nation, y arrivaient également des Arabes originaires de pays avoisinants désireux d’améliorer leurs conditions de vie. Il semble donc que la population «autochtone» de Palestine, ou bien souffrait d’un grave manque de main-d’œuvre, ou bien était pratiquement négligeable étant constituée de nomades sans attachement profond à ce «lieu de passage», à moins qu’ils aient souhaité préserver leur mode de vie plutôt que de se fixer quelque part.

L’immigration arabe en Palestine, et particulièrement en Israël pré-étatique durant la période 1922-1931, reflète d’une certaine manière la différence de niveaux économiques tant à l’intérieur de la Palestine qu’entre la Palestine et les Etats arabes voisins. L’immigration arabe en Israël pré-étatique contribuait pour 38.7 % à l’augmentation de la population arabe fixe et représentait 11.8 % de sa population totale. Bien que ces chiffres soient inférieurs à ceux de l’immigration juive à la même époque, l’ampleur de l’immigration arabe dans ce secteur est néanmoins significative lorsqu’on la compare à l’influx de population juive. L’immigration arabe représentait 36.8 % de l’immigration totale en Israël pré-étatique. La situation en Palestine non-israélienne se présentait assez différemment. Là, l’immigration arabe était majoritaire, mais négligeable.

Toutefois, tout le monde n’accorde pas le même respect à l’objectivité, même dans le cadre d’un passe-temps aussi inoffensif que la philatélie. Dans la préface du catalogue spécialisé Zobbel de 1971 intitulée Brève introduction à la philatélie en Palestine (A short Introduction to the Philately of Palestine) l’auteur, un certain Tobias Zywietz, affirme ce qui suit :

«Afin de ne pas séparer la philatélie de son contexte historique, j’ai ajouté quelques brèves notes d’introduction. Elles ne prétendent pas décrire certains événements de façon idéologiquement objective ni attribuer la même valeur aux diverses interprétations qui en ont été données. L’histoire du Moyen-Orient est probablement le chapitre le plus controversé de l’historiographie. Mon point de vue ne cadre pas forcément avec celui de la plupart des historiographes pro-sionistes.»

Ma recherche d’une source à consulter dans ce domaine se concentra sur les points suivants : existait-il une entité administrative palestinienne chargée d’acheminer le courrier avant l’établissement de l’Etat d’Israël ? Et si oui, quels étaient les événements, les sites et les emblèmes choisis pour représenter le patrimoine culturel et national de la Palestine avant 1948 ? En d’autres termes, quels étaient les symboles de la culture palestinienne, de l’Histoire de la Palestine et de la civilisation palestinienne ? L’article de Wikipedia sur les timbres postes et l’histoire postale en Palestine (parag, 3.2) indique que pendant la durée du Mandat, les services postaux étaient assurés par les autorités britanniques, qui émirent leurs 4 premiers timbres en 1923.

Ils montraient la Tombe de Rachel, la Tour de David, le Dôme du Rocher (construit sur le Mont du Temple de Jérusalem en 691 A.D. et sacré pour les trois principales religions monothéistes), et une vue du Lac de Tibériade avec la mosquée. On n’y trouvait aucune image typiquement ou même vaguement «palestinienne», aucune représentation d’un souverain, d’un roi ou d’un membre d’une quelconque dynastie. Il n’existe aucun livre d’histoire antérieur aux années 1960 évoquant la Palestine comme une entité autonome dirigée par son gouvernement, et le commerce en Palestine n’avait apparemment aucun besoin de frapper de la monnaie car il n’en existe aucune.

Tobias Zywietz, dans sa Brève introduction à la philatélie en Palestine, expose sa vision tendancieuse de la guerre israélo-arabe de 1948 dans la section intitulée La situation générale (1948-1967). Il écrit que pour répondre à la déclaration unilatérale des «colons sionistes radicaux» qui proclamèrent l’indépendance de l’Etat d’Israël le 14 mai 1948 en violation de la Résolution des Nations Unies, et afin de protéger la population civile, plusieurs nations arabes envoyèrent des troupes en Palestine. Elles formèrent la Légion arabe, composée d’unités en provenance d’Egypte, de Jordanie, de Syrie, du Liban et d’Irak.

Il s’agit là des mêmes pays dont les économies chancelantes incitèrent leurs citoyens à chercher de meilleurs débouchés en Israël pré-étatique. Ces cinq pays ambitionnaient de se partager le territoire afin d’anéantir la nation juive nouvellement créée. Et de fait, ils adoptèrent «l’objectif à atteindre par la guerre tel que défini par le Mufti : un Etat arabe uni et indépendant formé de la Palestine, de la Transjordanie, de la Syrie et de l’Irak.» (Robert S. Wistrich, Une obsession fatale : l’antisémitisme depuis l’Antiquité jusqu’à la guerre sainte globale. (A Lethal Obsession: Anti-Semitism from Antiquity to the Global Jihad, 2010, page 669)). Ces pays craignaient le retour du peuple juif sur sa terre ancestrale car ils gardaient à l’esprit les écrits de Rashid Hajj Ibrahim à la fin des années 1940, selon lesquels «les Juifs avaient l’intention de recréer leur empire du temps de Salomon en commençant par la Syrie et le Liban… ils convoitaient également l’Egypte… l’Irak … le Hedjaz dont Ismaël était originaire, et la Transjordanie, autrefois comprise dans le territoire palestinien et qui faisait partie du royaume de Salomon (Ibid, page 697).

Le panarabisme était le moteur de la guerre non déclarée de 1948 contre Israël, et il n’est pas inutile de noter qu’on ne peut trouver nulle part trace d’une unité militaire portant le nom de Palestine. On ne peut trouver nulle part trace d’une bande de patriotes prenant les armes contre l’occupant, ou d’une équipe d’infanterie palestinienne aussi réduite soit-elle ! Ce dont on trouve trace, par contre, c’est l’admission que la terre palestinienne était une terre juive.

Si l’on réalise que la demande de reconnaissance d’un peuple palestinien et d’un Etat palestinien fut présentée pour la première fois au cours du Sommet de la Ligue arabe de 1964, au moment et au lieu même où Yasser Arafat concrétisait son opposition politique et militaire à Israël en fondant l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), la confusion s’aggrave : d’où émergeaient donc ce peuple et cet Etat, et pourquoi avaient-ils attendu si longtemps pour se manifester ? Depuis lors, ces nations arabes et les Arabes en Palestine se sont évertués à fabriquer une identité palestinienne, bien qu’il n’en existe aucun vestige archéologique, aucun élément numismatique ou philatélique, et qu’aucune lignée royale (donc aucune intrigue de cour, aucune alliance ou mésalliance avec d’autres puissances pour faire triompher telle ou telle dynastie ou tel descendant direct du prophète), aucune donnée historique propre à établir l’existence de ce peuple et ses droits à cette terre n’aient été identifiées. Le peuple et l’Etat palestinien ont été inventés pour s’opposer au droit de retour des Juifs.

Je ne vais donc pas noyer le lecteur sous les faits. Les propagandistes ignorent ces réalités et présentent leur propre version de l’histoire de façon à la faire cadrer avec leur partialité et leur idéologie. L’attirance ressentie par certains pour les théories conspiratrices tient au fait qu’elles offrent tellement d’affirmations sans fondement pour si peu d’effort intellectuel, et surtout qu’il est très difficile de les réfuter.

En présentant simplement quelques faits historiques rudimentaires, mon intention est de faire soupçonner au lecteur que l’idée généralement admise sur la situation, ou du moins celle que s’en fait le public, pourrait bien être en total désaccord avec les données historiques, anthropologiques, linguistiques ou archéologiques dont disposent ceux qui auraient la curiosité d’entreprendre un élémentaire travail de recherche. Aucune source antisioniste aussi fanatique soit-elle n’est capable de fournir – en dehors de son vitriol habituel – le moindre élément nouveau susceptible de faire la lumière sur ce sujet. Que peut-on donc en conclure ? Que peut-il résulter d’une telle randonnée à travers un champ de mines ? Historiquement, la notion de Palestiniens en tant que peuple ou représentants d’une culture ou d’une civilisation ne rencontre aucun écho avant les années 1960. Contrairement aux archives historiques relatives aux cinq pays entourant Israël, il n’existe aucune trace d’un prince ou d’un roi palestinien ayant régné sur cette terre, aucun descendant du prophète pour la revendiquer, aucun vestige archéologique d’une quelconque ancienne civilisation palestinienne. Par contre, tous les objets mis à jour par l’archéologie qui remplissent les musées témoignent de la présence juive, de son antique civilisation désormais éteinte.

Il est révélateur qu’aucun livre d’histoire antérieur aux années 60 ne fasse allusion à la Palestine, ce territoire réclamé par ceux qui se disent Palestiniens, en tant qu’entité politique autonome gouvernée par ses propres habitants. Comme on pouvait s’y attendre, en tentant de se  fabriquer une identité distincte, les Arabes Palestiniens on dû s’efforcer d’usurper, de s’approprier et de faire disparaître tout ce qui s’oppose à témoigner de leur «présence physique» sur un territoire particulier. Lorsque l’Histoire et les faits historiques ne correspondent pas à cette nouvelle «réalité» palestinienne (ce qui se produit constamment), ils sont obligés de les inverser pour les faire cadrer avec le mythe qu’ils répandent si consciencieusement. Inverser les faits devient inévitable pour la propagation de cette nouvelle version de l’Histoire, car admettre l’évidence reviendrait à admettre leur caractère d’intrus. En inversant les faits, on obtient les résultats suivants :
  • Ce sont les Juifs qui sont qualifiés d’intrus ;
  • les promoteurs d’un nouveau génocide deviennent les victimes d’une force d’occupation dont la seule raison d’être est de subjuguer l’Islam ;
  • ils accusent Israël de pratiquer l’apartheid, mais ce sont eux qui observent des politiques racistes et religieuses suprématistes qui leur font exercer une sévère discrimination (allant souvent jusqu’à la mise à mort) à l’égard des femmes, des homosexuels et des minorités ;
  • ils aspirent à vivre dans un Moyen-Orient purgé de tout Juif, où toute minorité qui refuserait de se convertir à l’islam serait massacrée, tout en accusant effrontément Israël de commettre toutes sortes de crimes envers le «peuple palestinien» ;
  • Et le monde s’empresse d’inventer de nouvelles accusations mensongères propres à faire croire qu’Israël est une puissance coloniale et expansionniste animée du désir de conquérir le monde à tout prix – mais il se garde bien de faire état des événements historiques tels que :
1. Le retrait d’Israël en 1982 de la totalité de la péninsule du Sinaï,
2. Le retrait d’Israël en 2000 du Sud du Liban, et
3. L’abandon unilatéral d’Israël de la bande de Gaza en 2005, qui nécessita l’évacuation de tous ses habitants israéliens, au besoin par la force ;
  • tout comme il se garde bien d’admettre que les Arabes militent ouvertement et agressivement en faveur de l’asservissement de l’Europe, comme en témoignent les noms de groupements tels que Islam4UK, Islam4Belgium, ou Islam4Holland, dont le but est d’instaurer la sharia dans ces pays à l’exclusion de tout autre système sociétal, sans oublier les promesses renouvelées chaque vendredi soir dans les mosquées du monde entier selon lesquelles on verra bientôt le drapeau de l’islam flotter sur la Maison Blanche ;
  • les Palestiniens clament leur «droit au retour» en Israël, mais négligent de mentionner que les pays musulmans expulsèrent des millions de Juifs, confisquèrent jusqu’à la moindre parcelle de leurs biens, de leurs propriétés et de leurs entreprises et refusèrent même de reconnaître le passé historique des communautés juives en terre d’Islam. 

On demeure ébahi de voir comment le sens commun, la logique et des faits avérés en arrivent à un tel degré de manipulation qu’ils semblent contredire le résultat d’observations basées sur des faits, objectivement neutres et scientifiquement prouvées. Et pourtant, c’est ce qui prévaut actuellement. Un grand nombre d’activistes ne s’embarrassent pas de faits qui risqueraient de les faire réfléchir. Ils ne se soucient que d’un «présent» auquel ils limitent leur action afin de défendre la seule «vérité» admise dans leur entourage, d’autant plus exploitable qu’elle ne se rattache à rien.

Et tandis que le monde entend à chaque instant parler du tout-puissant lobby juif et des innombrables conspirations juives visant à la domination du monde qui contrôlent déjà toutes les banques et tous les médias, personne ne semble se demander comment il se fait, dans ces conditions, que les Palestiniens et leurs sympathisants ne rencontrent aucune difficulté ni à faire passer leurs messages sur un vaste réseau d’agences de presse, ni à trouver sans cesse de nouveaux moyens de blanchir les gains illégaux qu’ils tirent de leurs trafics de drogues et de leurs ventes de voitures d’occasion afin d’armer et de financer leurs groupes d’assassins «résistants».

Même lorsqu’ils sont en totale contradiction avec la réalité, tous ces mensonges, ces fables, ces diffamations, ces inventions sans cesse rabâchés finissent par trouver un écho chez de jeunes idéalistes désireux de porter secours aux opprimés. Il ne s’agit pas de leur trouver des excuses ou de les ignorer : ils ont choisi d’être manipulés, ils ont choisi d’être un rouage de cet outil de propagande qui utilise l’imposture pour répandre son message délétère. Ces sympathisants ne sont pas forcés de vivre dans le noir de l’aveuglement ou de se faire les misérables complices de psychopathes. Personne ne les force à contribuer à la mise en œuvre d’un nouveau génocide, car c’est bien à cela que tendent les tactiques des Arabes et des pro-palestiniens : détruire l’Etat juif, saisir sa terre ancestrale et célébrer un Moyen-Orient «purifié» de tout Juif – un pas en avant vers la conquête de El Andaluz au nom d’Allah, à la gloire d’Allah,

Permettez-moi de rappeler au lecteur que tout en gémissant sur la cruauté de la sanguinaire IDF, les Palestiniens et leurs acolytes ne cessent d’acquérir de nouvelles armes encore plus meurtrières à utiliser contre les populations civiles israéliennes ; que pour pouvoir accuser l’IDF de tuer des enfants intentionnellement, systématiquement et sans distinction, les Palestiniens et leurs agents propagandistes en sont réduits à monter de véritables mises en scène (cf. l’affaire Mohammed al-Dura en 2000) ; à ressortir d’anciennes photos d’enfants morts au cours d’autres conflits ; ou encore, à organiser les faux enterrements de faux morts soit disant «martyrs». Dans ce dessein, ils sont allés jusqu’à faire circuler à la presse des images où l’on voyait un enfant mort dans les bras de son père (le correspondant de la BBC Jihad alMashawari entouré de personnalités du Hamas), alors qu’en réalité c’est une roquette du Hamas qui avait accidentellement causé la mort du petit Omar âgé de 11 mois.

Quand on en vient à recycler, à fabriquer, à mettre en scène ou à relater des tueries parfois illusoires, le bon sens et la simple logique conduisent tout naturellement à la conclusion que l’IDF ne correspond pas à l’image de la monstrueuse machine à tuer qu’on cherche à nous imposer. Distorsions, recyclages, mises en scène, mensonges et fabrications font partie de la panoplie utilisée par la machine de propagande la plus éhontée que le monde ait jamais connue. Et pourtant, le public en général semble accepter cette inversion des faits.

Il est encore plus effarant de voir que ces mêmes gens qui se disent défenseurs des droits de l’homme, qui jouent de leur influence politique pour faire respecter la séparation de l’église et de l’Etat et qui professent les opinions les plus libertaires lorsqu’il s’agit de l’ingérence du gouvernement dans nos vies privées sont les plus virulents défenseurs d’un système politique qui rattache l’autorité divine dont il se targue à un traité religieux utilisé afin de légiférer et d’imposer ses principes ultraconservateurs au peuple qu’il gouverne. Ils militent en faveur d’une stricte séparation des pouvoirs dans leur pays, et la plupart d’entre eux manifestent le plus grand dédain pour tout dogme, religieux ou autre, mais ils n’ont eu aucun problème pour se rallier à l’un des dogmes religieux les plus despotiques qui ait jamais sévi dans le monde. Ces défenseurs des droits de l’homme et ces adversaires de l’exploitation humaine soutiennent un système religieux misogyne, homophobe, anti-démocratique, anti «droits de l’homme» et violemment anti-culturel. Mais pourquoi se poser des questions puisque c’est Israël, la bête immonde chargée de tous les défauts, de tous les péchés, coupable d’être toujours en vie, qui est l’ennemi ? Les sympathisants pro-palestiniens, avec leur absurde vision du monde, ont été transformés par l’appareil d’intoxication palestinien en idiots utiles par excellence.

La propagande triomphe lorsqu’elle arrive à substituer le mensonge à la vérité ; lorsqu’elle arrive à brouiller la ligne de démarcation entre les faits et la fiction, entre ce qui est objectivement démontré et une habile falsification, ou lorsqu’elle arrive à mélanger ces deux antipodes. Cette façon de maquiller la vérité qui malheureusement sévit encore aujourd’hui fut perfectionnée par un maître fourbe nommé Yasser Arafat. Son discours variait en fonction du langage dans lequel il était prononcé. En Anglais, le message était conciliant, humaniste, fait sur mesures pour distribution aux médias internationaux et de nature à plaire à une audience occidentale non arabe ; en Arabe, par contre, le ton changeait. Le discours passionné promettait le retour en Palestine – sauf que la Palestine devenait la Filastine, la Falastine ou la Filistine – et il suivait à la lettre l’idéologie du panarabisme, exaltant le nationalisme arabe et soufflant sur les flammes de la propagande anti-Israël. C’est ainsi qu’est manipulée la vérité entre les mains expertes des fauteurs de haine et des suprématistes. La pure fiction, les inventions et les fabrications, les mensonges et les distorsions sont manipulés afin de prendre l’apparence d’une vérité jamais remise en question, même si, ou peut-être surtout si elle bafoue le sens commun ou la simple logique. Plus le mensonge est éhonté, plus il a de chances de trouver un écho auprès des sympathisants prêts à l’accueillir qui refusent de s’embarrasser des faits.

Il est hautement improbable que le monde arabe abandonne un jour l’Arabe comme langue maternelle pour la remplacer par l’Anglais. L’éventualité d’un tel changement est tellement impensable qu’il est inutile de l’examiner. Les discours qui sont prononcés dans cette langue sont taillés sur mesure en fonction des audiences que l’on cherche à atteindre. La prononciation de la lettre «p» ne pose pas de problème à la plupart des pro-palestiniens, mais qu’en est-il des gens directement concernés ? Lorsqu’ils se sont efforcés de fabriquer une identité palestinienne et à attribuer un territoire aux «Palestiniens», ces messieurs ont oublié que leurs protégés seraient bien en peine d’énoncer leur nationalité de façon intelligible partout ailleurs que dans le monde arabe. Je suis absolument persuadé que lorsque les judéophobes alliés aux nations arabes auront vaincu Israël, ce problème de prononciation sera réglé tout naturellement : les Arabes commenceront par remercier leurs partisans non arabes du bon travail qu’ils ont effectué en contribuant à un nouveau génocide, ils s’empresseront de «débaptiser» la Palestine, puis ils leur poseront un ultimatum : la conversion ou l’asservissement. Dans un Moyen-Orient dépourvu de Juifs, ce territoire deviendra probablement la Trans-Jordanie, la Syrie du Sud ou, peut-être, la nouvelle Hitlérie. Ou encore, l’équivalent arabe de «La terre conquise au bout d’une haine obsessionnelle vieille de mille ans». Un nouveau néologisme dans leur langue sera sans doute concocté par les Arabes pour proclamer que leurs tendances obsessionnelles et meurtrières ont finalement triomphé. Espérons que ces prédictions ne se réaliseront pas ! Car sérieusement, comment un peuple, et par extension une nation incapable de prononcer son nom peut-elle exister ? Et comme le disait Bob Dylan, «Pourquoi nous sommes-nous battus au juste ?»

On s’est bien joué de nous autres Occidentaux, on nous a bernés, on nous a manipulés de main de maître !

Nous avons été  séduits par des demi-vérités et des mensonges éclatants et nous nous sommes engagés dans un conflit dont le but avoué est l’annihilation du peuple juif. Si les activistes palestiniens, leurs apologistes et leurs acolytes arrivent à leurs fins, il n’y aura plus d’Etat d’Israël et il est douteux que les Juifs survivants puissent trouver un asile en Europe, où l’importante population musulmane est ouvertement antisémite et où les Juifs sont déjà assiégés. Le monde musulman comptera une théocratie musulmane supplémentaire en plus des quelque cinquante qui existent déjà. Le reste du monde connaîtra une nouvelle diaspora juive et réapprendra, pour autant qu’il l’ait déjà oublié, comment organiser des pogromes à intervalles réguliers afin de contrôler ces Juifs diaboliques. Est-ce pour ce résultat que nous nous battons ? Ce dénouement prévisible, fruit d’une virulente et implacable campagne de délégitimisation, de l’inversion systématique de la vérité et d’opérations d’intoxication à grande échelle, est-ce vraiment le résultat auquel souhaitent aboutir ceux qui recherchent à résoudre ce conflit au moyen d’un compromis équitable pour tous – ou bien est-ce la solution, «la solution finale», à laquelle aspirent ceux qui prétendent demander justice pour l’un des adversaires afin d’aider à l’anéantissement de l’autre ?

Si le nom de cette fabrication qu’est la Palestine ne peut même pas être prononcé par ceux qu’elle concerne directement, quelle que soit la durée ou l’importance de leurs services, les indispensables sous-fifres qui brandissent le drapeau de la lutte entreprise en son nom sous de faux prétextes sont et resteront à la fois les complices et la chair à canons d’une guerre de désinformation bien plus vaste et bien plus sinistre qu’ils ne l’imaginent, et qui s’empressera de changer son imprononçable nom dès qu’elle aura atteint son but.

 Henri-Michel MOYAL, Ph.D.


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