jeudi 15 août 2013

La paix en échange de la paix ! - par Magdi ALLAM


 


Je me suis convaincu que l'erreur la plus grave de [l'] histoire [d'Israël] a été d'accepter le principe appelé "la paix en échange de territoires", envisagé dans la résolution 242 de l'ONU en 1967. 

En effet, la paix correspondant dorénavant à la reconnaissance du droit à l'existence d'Israël, on a accrédité l'idée qu'un tel droit serait négociable, et donc relatif, ni absolu ni définitif, mais susceptible d'enchères, les dictateurs arabes marchandant le droit à la vie d'autrui en exigeant et en obtenant parfois une contrepartie économique, politique ou militaire.

Alors qu'Israël finit par obtenir, dans le meilleur des cas, une reconnaissance de facto, dictée par un opportunisme politique, qui se traduit par une paix formelle, fragile et réversible. Ce qui est très éloigné d'une reconnaissance de fond, de la reconnaissance stratégique établie sur l'acceptation de la légitimité historique, politique et morale de l'Etat juif.

C'est si vrai que les forces religieuses, politiques et terroristes hostiles par principe à Israël se sont renforcées après le retrait des territoires occupés en Egypte, en Jordanie, au Liban et à Gaza. Parce que le véritable objet du litige, ce ne sont pas ces territoires arabes annexés à la suite de guerres préventives ou réactives, mais le territoire israélien lui-même.

Je demeure effaré de constater qu'une partie de la société  israélienne se refuse, encore aujourd'hui, à regarder la situation en face, croyant pouvoir parvenir à un accord avec ses tortionnaires.

Il suffit de lire les titres du quotidien Haaretz diffusé en langue anglaise en encart de l'International Herald Tribune. Le 23 mai 2006, on pouvait donc lire à la une du IHT : "Haniyeh à Haaretz : "La paix à l'intérieur des frontières de 1967"." Il s'agissait d'une interview exclusive du Premier ministre palestinienHaniyeh, dirigeant du Hamas, publiée dans Haaretz. La manchette du quotidien israélien confirmait ce qui était présenté comme un tournant historique : "Haniyeh déclare à Haaretz ; "un retour aux frontières de 1967 mènera à la paix"." Mais, dès le sommaire, à côté de la photo du Premier ministre souriant, et dans le corps même du texte, Haniyeh tient un tout autre langage : "Si Israël se retire sur les frontières de 1967, la paix prévaudra et nous respecterons une cessez-le-feu pendant de nombreuses années." Comment est-il possible que Haniyeh par le d'un "cessez-le-feu" et que Haaretz le traduise dans ses manchettes par "la paix" ? Est-ce concevable que nous ignorions que le Hamas, et même Ben Laden, quand ils proposent à leurs ennemis un cessez-le-feu, hudna, reprennent le précédent de la trêve de Hudaibiya, proposée par Mahomet à ses ennemis de la Mecque [en l'an 628] ? Voilà pourquoi, dans le contexte islamique extrémiste, hudna est l'exacte négation de la paix, l'autre face de la guerre à outrance, et confirme l'hostilité préconçue à l'endroit d'Israël.

(...)

Yitzhak Shamir avait raison quand il défendait le principe  : "la paix en échange de la paix." On peut négocier les termes de la paix, mais on ne peut pas négocier le principe de la paix elle-même, qui présuppose le droit d'Israël à l'existence.

Yitzhak Rabin avait raison, quand il déclara à Oslo en 1993, que chaque cession territoriale devait être liée à l'acceptation de la culture de la vie chez les Palestiniens. ll contra ainsi le double jeu d'Arafat, jusqu'à ce que celui-ci jette bas le masque en 2000, préférant la guerre à la paix. Parce qu'Arafat comme le Hamas, bien que d'une façon plus fourbe, entendait par paix une trêve armée. or aujourd'hui, après le retrait unilatéral de Gaza et le retrait de la Cisjordanie, Israël confirme que le problème de fond n'est pas celui des territoires occupés, mais son existence même. Cependant, nombreux sont ceux qui, même en Israël, semblent l'ignorer.

Tiré de : Magdi ALLAM : Pour que vive Israël. De l'idéologie de la mort à la civilisation : mon histoire, Editions du Rocher, 2008, pp. 199-201






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